Airbus traverse une zone de turbulences : le numéro deux du groupe poussé vers la sortie

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  • Airbus : départ annoncé de Fabrice Brégier qui dirige la branche « avions civils 
  • Le conseil d’administration d’Airbus a entériné le départ de Fabrice Brégier, en conflit ouvert avec le président du groupe, Tom Enders. Ce dernier n’effectuera pas de troisième mandat et partira au plus tard en avril 2019.
  • L’avionneur Airbus est un groupe symbolique mais aussi stratégique pour la France comme pour l’Europe

Aéro-News – Quand le numéro deux d’une entreprise s’en va, à part les salariés concernés, tout le monde ou presque s’en fiche. Pas lorsqu’il s’agit du codirigeant d’Airbus. Car l’avionneur européen est une entreprise à part. Une entreprise unique dont l’avenir doit préoccuper tous les Français et même une bonne partie des Européens.

Or, au lendemain de l’annonce du départ de Fabrice Brégier qui dirige la branche « avions civils » du géant européen de l’aviation, nous avons tous des raisons d’être inquiets. En effet, le conseil d’administration d’Airbus a entériné le départ pour février prochain,

de Fabrice Brégier, en conflit ouvert avec le président du groupe, Tom Enders. Officiellement, il s’agit d’une démission. Le conseil d’administration d’Airbus, en accord avec Tom Enders, a également choisi le successeur de Fabrice Brégier. Il s’agit de Guillaume Faury, l’actuel patron d’Airbus Helicopters.

De son côté, Tom Enders n’effectuera pas de troisième mandat et partira au plus tard en avril 2019.

Airbus est à la fois une exception et une entreprise exceptionnelles. De tous les industriels basés en France, Airbus est déjà celui qui a le plus gros impact sur notre commerce extérieur. Dans une France qui se désindustrialise et qui peine à exporter, ce sont les ventes d’A320 aujourd’hui et d’A350 demain qui contribuent le plus à limiter notre déficit commercial. Quand Airbus s’enrhume, c’est toute la France Inc. qui tombe malade.

Un symbole

Faisant désormais jeu égal avec Boeing sur le marché mondial de l’aviation commerciale, Airbus est en plus un véritable fleuron technologique. Dans le civil, comme dans le militaire et le spatial, Airbus est au cœur de notre souveraineté. Entreprise de pointe, machine à recruter des ingénieurs, Airbus a parfaitement réussi sa mondialisation.

Surtout, au-delà de son succès actuel, Airbus est aussi un symbole. Le symbole d’une Europe qui lorsqu’elle unit ses forces est capable de faire aussi bien que les Américains et mieux que tous les autres. Né d’une volonté politique et du dynamisme d’entrepreneurs privés, Airbus est un exemple pour tous les autres secteurs économiques. Pas une année ne passe d’ailleurs sans que l’on évoque l’ambition de construire un « Airbus du rail », de l’énergie ou des télécoms. Preuve s’il en est que si la volonté est souvent là, le succès est beaucoup moins souvent au rendez-vous.

Moment critique

Pour toutes ces raisons, il convient aujourd’hui de se préoccuper d’Airbus. Victime d’une guerre des chefs , frappé par les départs en série de cadres dirigeants stratégiques , englué dans des affaires de corruption , fragilisé par une gouvernance imparfaite et un conseil d’administration qui a trop tardé à prendre des décisions difficiles, Airbus traverse une nouvelle crise à un moment critique.

Face à la montée en puissance des industriels chinois, qui ont pour ambition de rivaliser avec les industriels de l’aéronautique comme ils ont su le faire dans les télécoms, Airbus doit rapidement retrouver une forme de sérénité. Les fondamentaux restent solides, mais il faut sans doute accélérer le grand ménage en précipitant également le départ programmé de Tom Enders, le numéro un du groupe. Il faut tourner la page et prendre un vrai nouveau départ.

Tribune de David Barroux

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