Pour Boeing, la facture des catastrophes du 737 MAX crève le plafond

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  • L’avionneur Boeing passe une provision exceptionnelle de 4,9 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre, destinée à indemniser les compagnies et les loueurs après l’immobilisation des 737 MAX.
  • Boeing chiffre aussi à 1,7 milliard de dollars la hausse des coûts de fabrication liée à la réduction de la cadence de production.
  • Au total, l’impact sur le chiffre d’affaires du deuxième trimestre, dont les résultats seront dévoilés mercredi, atteindra 5,6 milliards de dollars avant impôt.

Aéro-News (facture des catastrophes du 737 MAX) – Boeing n’en finit plus de mesurer l’ampleur des dégâts que lui cause le 737 MAX. Le coût de cette crise avait été estimé à 1 milliard de dollars au printemps. Mais, entre provision exceptionnelle, hausse des coûts de production et indemnisation des victimes, la facture vient de s’envoler à plus de 7 milliards.

Une provision de 4,9 milliards de dollars après impôts (au 2e trimestre)

Dans un communiqué publié jeudi le géant de l’aéronautique a annoncé une provision exceptionnelle de 4,9 milliards de dollars après impôts, dans ses comptes du deuxième trimestre qui seront publiés le 24 juillet. « Cette charge se traduira par une réduction du chiffre d’affaires et des bénéfices avant impôts du 5,6 milliards de dollars au titre du deuxième trimestre », précise le communiqué de Boeing. Cette somme couvrira les indemnisations dues aux compagnies aériennes clientes du Max, qui ont dû annuler des dizaines de milliers de vols, depuis la mi-mars. Idem pour les loueurs qui, comme les compagnies clientes, n’ont pas pu prendre livraison de leurs commandes.

Après deux accidents du 737 MAX qui ont fait 346 morts, cette charge de 4,9 milliards de dollars servira ensuite à nourrir la colonne « provision pour frais de justice ». Poursuivi  par une association de pilotes et par des  familles de victimes d’Ethiopian Airlines (157 morts) et de Lion Air (189 morts), l’avionneur a pris les devants en s’engageant à leur verser, avant même tout jugement, 100 millions de dollars. Et il a créé un fonds spécifique doté de 50 millions de dollars disponibles immédiatement. Ce fonds est géré par l’avocat américain Kenneth R. Feinberg, grand spécialiste de l’indemnisation des victimes de grandes catastrophes (11 septembre, marée noire de BP, fonds de pension du syndicat des routiers, etc.).

Et ce n’est pas tout. Après la ligne « provision exceptionnelle », apparaît aussi sur la facture une ligne « hausse des coûts de production ». Ils ont augmenté de 1,7 milliard de dollars au deuxième trimestre. En cause cette fois, la réduction des cadences de production (passées de 52 à 42 avions par mois) et les coûts de stockage des avions immobilisés et non livrés qui pourraient être 430 à la fin de l’année.

Pas de date pour la reprise des vols

« L’immobilisation au sol du MAX présente des difficultés considérables pour nos clients, notre groupe et notre chaîne d’approvisionnement », a posté sur Twitter le PDG Dennis Muilenburg, en réaffirmant que sa priorité restait la remise en service du bimoteur en toute sécurité.

Toute la question se résume en un mot : quand ? Boeing aimerait voir son dernier-né revoler en octobre prochain. « Cette assertion reflète la meilleure estimation de l’entreprise à ce jour mais l’exacte période de retour en service pourrait diverger de cette estimation », nuance-t-il. De fait, non seulement le groupe de Chicago n’a toujours pas soumis aux régulateurs, pour certification, le correctif du  système anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux crashs, mais de plus l’agence fédérale de l’aviation (FAA) a décelé récemment un nouveau problème de microprocesseur présentant un « risque potentiel ».

Ce nouveau problème pourrait mettre en cause la conception même du bimoteur, ce qui incite les experts à la prudence. « Au vu de tout ce que nous savons à l’heure actuelle, un retour en service entre décembre et janvier est la date la plus raisonnable », avance Scott Hamilton chez Leeham, cité par l’AFP. De son côté, la FAA campe sur ses positions et martèle qu’elle lèvera l’interdiction « quand elle jugera qu’il est sûr de le faire ». Le cabinet de conseil français Archery a estimé que la facture pourrait atteindre les 10 milliards de dollars à la fin de l’année.

Avec AFP

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